Nadège DJONKO TCHUENDEM, la « surdouée » de l’Iric est un modèle pour la jeunesse camerounaise
Source : 20mai.net
21 février 2009
Jeune fille aveugle de 24 ans, Nadège Djonko prépare à la fois:
- un Master 2 en « Contentieux international »,
- un Master en Diplomatie, filière hautement sélective de l’Iric dans laquelle elle a été admise, 2ème sur 35 candidats retenus et 1428 candidats inscrits
- un Master en « Contentieux et arbitrage des affaires » à  l’université catholique d’Afrique centrale (Ucac).
C’est en guise de récompense pour cette bravoure et ce mérite académique, que la jeune Nadège Christelle Djonko Tchuendem a reçu des mains du ministre de l’enseignement supérieur, la somme d’un million de francs cfa.
Une riche carrière qui s’ouvre ainsi à cette camerounaise, née le 19 avril 1985 à Yaoundé, à qui pourtant, rien dès le départ ne présageait un si bel avenir. Surtout pas, son handicap qui commence à se faire sentir dès l’âge de 6 ans.
Ses débuts, Nadège Christelle Tchuendem Djonko les passe normalement à l’école catholique Saint-Pierre de Kong, à l’école maternelle d’Essos-camp sonel et à l’école publique d’Essos à Yaoundé. A 12 ans, elle perd totalement la vue et sera obligée de continuer sa scolarité d’abord à Anne-Marie, institut spécialisé puis au Centre Promhandicam (Centre de promotion des handicapés du Cameroun) à Mimboman.
Vivant entre le poinçon et le tableau, matériel lourd et encombrant, elle réussit néanmoins, avec brio son Baccalauréat A4 au Collège de la retraite. Une réussite qui lui vaut le prix d’excellence du ministère de l’Education nationale de l’époque qui recompense les meilleurs élèves sur l’ensemble du territoire national.
Soutenue par Bernadette et Michel Djonko, ses parents, elle décroche, deux années plus tard le Diplôme d’études universitaires en Sciences sociales à l’Ucac. En 2006, elle change de filière et obtient en même temps que sa Licence en Sciences juridiques et politiques toujours à l’Ucac, un ordinateur portable par le truchement de l’Association Valentin Haüy-Braille de Paris lors d’un séminaire à l’ambassade de France au Cameroun pour la saisie facile et rapide des notes.
Aujourdh’ui, Nadège N. peut rêver comme tout jeune « camerounais à part entière ». Grâce à sa formation et à sa détermination, elle espère plus tard devenir « une diplomate hors pair, une fonctionnaire publique internationale, un fine politiste et une juriste accomplie pour aider aux règlements des conflits en Afrique ».
Dernière d’une famille de sept enfants, elle sent tout le poids d’un amour parfois excessif, surtout quand elle veut « s ’assumer ». Ce qui ne l’empêche pas de rester une « fanatique de la poésie ». D’ailleurs, elle est l’auteure d’un recueil de trente-six poèmes « Arc-en-ciel » qui offre un témoignage vivant de sa foi en Dieu et de sa vision d’un monde qu’elle « espère plus solidaire et plus juste » pour lequel elle reçoit en mi 2001 le prix de poésie et de nouvelle dans le cadre de la journée mondiale du livre.
Plusieurs autres distinctions la suivront.
- D’abord lauréate en octobre 2001, du concours littéraire de poésie organisé à l’occasion de l’inscription du nom de l’ambassadeur itinérant Roger Milla dans le Larousse,
- elle reçoit aussi, le prix d’excellence féminin offert par Chantal Biya, première dame du cameroun.
Malgré tout, Nadège N. garde la tête froide et se préserve pour celui qui saura la convaincre plus tard.
Les obstacles pour cette originaire du département des Hauts plateaux de l’Ouest et fervente admiratrice d’Helen Keller, américaine et handicapée visuelle pour ses exploits ne manquent pas. Elle a déjà un cahier de dépenses pour le million. Ainsi, la somme qui lui a été offerte est un souffle nouveau qui l’aidera « pour ses frais de déplacements, de pension et de documentation pour les deux années de Diplomatie à passer à l’Iric ».
Elle a ainsi réussi à mi-parcours le « struggle for live », devenant par là un exemple de « savoir et de pouvoir » pour la jeunesse camerounaise.
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